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Histoire

Les pyramides de cochasqui

Vestiges mystiques des civilisations précolombiennes

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Construit progressivement il y a plus de 400 ans, un mystérieux tissu de routes long de près de 23 000 km relie Quito en Equateur à Santiago au Chili à travers les sommets de la Cordillère des Andes, la Sierra et la jungle.

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Le Qhapaq Ñan (route royale en langue quichua) a été édifié par les Incas pour favoriser l’expansion de l’empire. Outre son rôle commercial, politique, le Qhapaq Ñan avait une importance culturelle et spirituelle. En effet, le chemin des Inca reliait également des sites archéologiques cérémoniels, l’itinéraire intégrant les sites construits par les civilisations précédentes.

Sur ce tracé se trouve le site archéologique de Cochasqui (en langue quichua « population des lacs » («cochas» (lacs) et «qui» (population) en référence à sa proximité avec les lagunes de Caricocha, Huarmicocha et Yahuarcocha, situées à Mojanda.). Situé à 58 km au Nord de Quito, dans la province de Pichincha et culminant à 3100 d’altitude, sa construction est attribuée à la civilisation Quitu-Cara.

 

Il faut ouvrir l’œil pour discerner les 15 pyramides recouvertes par la végétation et donc presque invisibles dans le paysage. Le complexe qui s'étend sur 83 hectares compte également 21 monticules.

Les Quitu-cara : peuple legendaire de Pinchincha

L’identité des premiers peuples à habiter la région de Cochasqui est incertaine. La période pré-inca a été documentée par l’historien Jésuite Juan de Velasco dans l'Historia del Reino de Quito en 1789. Ses chroniques sont néanmoins vivement remises en question et relèvent plus d’un mythe fondateur que d’une réalité historique. Alors que Velasco affirme qu’il existe une unification culturelle autour d’un Etat dans cette région, plusieurs études indiquent au contraire une diversité de cultures et de peuples.

 

En effet, la croyance que le site de Cochasqui est associé à la culture Quitu-Cara est bien ancrée sans que l'on puisse véritablement en avoir les preuves. Les chroniques rapportent que la culture Quitu s’installe à Quito et ses environs en 2000 avant JC. Les Quitu seraient les fondateurs légendaires de la ville de Quito. La tribu est ensuite fusionnée avec une autre civilisation, les Cara, vers 980 après JC. Les dénommés Quitu-Cara sont dirigés par une succession de chefs shyri jusqu’en 1434 où ils sont asservis par les Inca. Les Quitu-Cara s’éteignent supposément avec la conquête espagnole en 1534.

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Percer le mystère des constructions de cochasqui :

L'architecture des pyramides :

Les pyramides tronquées de Cochasqui ont attiré l’attention des scientifiques et archéologues qui ont tenté d’en percer les secrets. Les premières recherches scientifiques sur le site commencent en 1933 avec une première fouille, la plus importante, menée par l’archéologue allemand Max Uhle. Les observations sont complétées par Udo Oberem en 1964 puis Lenin Ortiz, entre autres.   

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Maquette des pyramides du complexe archéologique de Cochasqui. Une pyramide est visible en arrière plan.

Sans surprise, les vestiges archéologiques découverts sur le site (outils lithiques, céramiques, ossements) attestent une présence humaine. Les techniques de datation et un changement marqué de la forme des céramiques suggèrent deux grandes périodes d’occupation, la première phase allant de l’an 950 avant JC à 1250 avant JC et la deuxième phase de 1250 à 1550.

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Image tirée du livre “Cochasquí, el agua del frente de la mitad” de Lenin Ortiz

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Pyramide de Cochasqui : le sommet de la pyramide s'est effondrée avec le temps et les intempéries

Les chercheurs ont mis en évidence que la construction des pyramides reposait principalement sur l’empilement de blocs dits de « cangahua ». Signifiant « terre infertile » en langue quichua, le cangahua est une formation géologique d’origine volcanique datant du Pléistocène supérieur (-126 000 à -11 700 ans) caractéristique de la province de Pichincha dans le centre-nord de l'Équateur. L’érosion des sols particulièrement active dans ce pays a amené ces matériaux à l’affleurement. On estime que ces blocs ont été façonnés dans la région de Santa Rosa où les chercheurs ont localisé un creux inhabituel et non naturel. Cette anomalie les a poussés à interpréter ce site comme une ancienne carrière creusée par la main de l’homme. La construction des pyramides a nécessité des travaux d’une envergure gigantesque : on estime que le volume total représente environ 1 200 000 m3 et un nombre considérable d’artisans à la fois pour extraire les blocs et les transporter jusqu’à Cochasqui.

Plus précisément, des coupes longitudinales et transversales ont été réalisées dans plusieurs des pyramides. Elles ont mis en lumière une architecture sur 5 couches. Des piliers réalisés à partir de cangahua forment la base de la structure qui est ensuite remplie de sable. Des blocs de cangahua rectangulaires sont posés ensuite par-dessus et sur les extrémités servant de revêtement.

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Coupe transversale adaptée du livre “Cochasquí, el agua del frente de la mitad” de Lenin Ortiz

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L'excavation laisse voir les blocs de cangahua constitutifs de la pyramide

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La pyramide 13 et les calendriers luno-solaires :

Le sommet de la pyramide 13, largement excavée, découvre deux plateformes en argile dont la lecture a été particulièrement complexe.

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Petite plateforme de la pyramide 13 : le calendrier lunaire 

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Dessin technique des deux plateformes de la pyramide n°13

Chaque plateforme laisse apparaître deux canaux creusés. Dans chaque cavité, des perforations servaient vraisemblablement à accueillir des cylindres de pierre. Au centre de chaque plateforme était placé un poteau en bois. Les études supposent que ces deux plateformes étaient en réalité des calendriers astronomiques utilisés pour prédire solstices et équinoxes ainsi que les moments les plus propices au semi des cultures.

 

Selon Adolfo Holguín, la cavité CV1 de la plateforme PT1 servait à enregistrer les lunaisons. Les différentes phases de la Lune ayant un impact sur la croissance des végétaux, il était alors possible de choisir une date adaptée pour semer les plantations. Ainsi, chaque jour de lune croissante, un cône est ajouté de telle sorte que le canal est totalement rempli lorsque le cycle est terminé.

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Schéma explicatif issu de l'article ““El Sistema Calendárico y Ritual de las Pirámides de Cochasquí” d'Adolfo Holguín.

La fonction du canal CV2 est quant à elle encore inconnue.

 

La petite plateforme PT2 enregistrait les 12 lunaisons que comporte une année complète. Ainsi, à chaque lunaison, un cône était ajouté.

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Sur la plateforme PT2, la date des équinoxes et des solstices pouvait être déterminée à partir de l’ombre projetée par le poteau central entre les triangles. En effet, à l’équinoxe lorsque l’on se trouve à l’Equateur, un bâton la verticale ne produira pas d'ombre à midi. Au solstice de décembre et de juin, les ombres des pierres se rejoignent au coucher de soleil. 

 

Ainsi, la pyramide 13 permettait d’établir un calendrier fiable. Outre l’importance agronomique des solstices (celui de juin représentant la période des récoltes), ces dates étaient largement célébrées dans la culture andine.

LEs tolas :

Les tolas (tumulus) sont des petits amoncellements de terre. Ces derniers ont initialement été repérés par photographie aérienne car ils sont difficilement visibles. Cochasqui en compte 21. Les tolas pouvaient avoir différents usages :

- LEs tolas funeraires :

Dans certains monticules, les excavations ont dévoilé la présence d’ossements humains. Le monticule A est en revanche le seul à contenir un squelette complet.

 

Les tumulus sont échafaudés avec une technique bien précise. A l’intérieur, un puits de 2 à 3 m de profondeur est creusé pour y placer le cadavre en forme fœtale accompagné d’objets funéraires. Pour éviter l’humidité, le monticule est scellé avec du « chocoto » et de la lave volcanique. Après l’enterrement, des blocs de cangahua sont entreposés sur la sépulture.  

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- LEs tolas d'offrandes sacrificielles :

Le monticule n est un tumulus dédié aux offrandes. Il est construit sur deux niveaux de cangahua. Sur la première marche, on a retrouvé des offrandes (pierres tailles et mortiers) et au fond du puits tapissé de bois de fine épaisseur, des navires et de petits fragments d’os animaux.

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Monticule funéraire, coupe transversale - Image tirée du livre «Excavations in Cochasquí, Equateur» par Udo Oberem.

Quelle etait la finalite de cochasqui ?

Plusieurs hypothèses ont été apportées pour répondre à cette question fascinante.

- Cochasqui, un site d'observation astronomique :

Tout d’abord, la répartition des pyramides sur le terrain n’est certainement pas anodine. Il semblerait que cette répartition soit alignée avec la position des astres. D’autre part, sur les 15 pyramides, 9 comportent une rampe d’accès et ces rampes ont toutes une orientation commune. L’archéologue Benavides, appuyé par d’autres auteurs, a émis l’hypothèse que Cochasqui était un site d’observation astronomique. Cette thèse est confortée par la position exceptionnelle de l’Equateur qui permet l’observation des astres selon un trafic perpendiculaire et donc très précis.

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Image adaptée d'une illustration du Conseil provincial de Pichincha.- Valentin Yurevich.

- Cochasqui, un site Residentiel :

Contrairement aux célèbres pyramides d’Egypte, les pyramides de Cochasqui sont tronquées. Cette caractéristique a interpelé les chercheurs qui en ont cherché une interprétation.

De grandes plaques d’argile cuite ont été retrouvées au sommet de certaines pyramides. A partir de cette découverte, les chercheurs ont formulé l’hypothèse que les plateformes des pyramides servaient en fait de base à la construction d’habitations

 

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Illustration des habitations de Cochasquí. Source : Procultur

Le modèle de l'habitation au sommet de la pyramide E est visible à droite.

La découverte par l’archéologue Wruster de trous creusés à même la plaque sur la pyramide E ont appuyé cette thèse. Ce dernier atteste que les trous auraient servi à accueillir les poteaux supportant des huttes circulaires. D’autre part, des traces de canaux et des restes de céramiques ont été interprétés comme des vestiges de foyers.

Selon cette hypothèse, Cochasqui aurait été lelieu résidentiel d’une élite, vraisemblablement de prêtres, chefs militaires chargés d'effectuer des observations astronomiques et météorologiques. 

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Modèle de construction de l'habitation au sommet de la pyramide E

- Cochasqui, un site militaire :

Les pyramides de Cochasqui sont construites sur un plateau à 3100m d'altitude. Le site offre une visibilité sur toutes les vallées dans un rayon de 60km. La pyramide 10 permet de voir tout le bassin de Guayllabamba, les montagnes et les volcans Pichincha, Cotopaxi, Cayambe et Illiniza environnants. Cette position stratégique peut laisser supposer que Cochasqui était utilisé à des fins militaires.

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- Cochasqui, un site Ceremoniel :

Enfin, la présence des ossements humains et animaux ainsi que la présence d’un calendrier luno-solaire suggère que le site ait été un haut lieu de cérémonie où des rites sacrés étaient effectués en offrande.

Les fouilles de Max Uhle sur le sommet de la pyramide E ont mis en évidence une plaque d’argile cuite contenant un canal long d’une dizaine de mètres. Il considère que ce canal était utilisé pour permettre l’écoulement du sang lors des sacrifices humains réalisés lors des célébrations.

On estime que la pyramide 5 était utilisée pour célébrer la cérémonie du Mushuk Nina (nouveau feu). Ce culte, encore célébré à l’équinoxe du 21 mars par les populations actuelles, symbolise le début de l’année indigène. Il est donné en l’honneur de la déesse Pachamama pour la remercier des premiers grains tendres. Les rampes d’accès à la pyramide servaient de chemins de processions jusqu’au sommet de la pyramide où un feu était allumé. Les indigènes préparaient pour l’occasion l’« Uchucuta », un plat à base de grains et de citrouille.

La connaissance des quaranqui :

Outre la culture de maïs, haricots et pommes de terre, les indigènes Quaranqui avaient une grande connaissance de l'utilité de diverses plantes médicinales. La feuille de coca était utilisée comme stimulant notamment pendant les rituels.

La tribu savait également tirer profit des ressources naturelles : les filaments et les pointes épineuses des Agaves Americana étaient utilisées pour coudre.

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La partie épineuse et les filaments servaient à la couture des Quaranqui

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Reconstitution de ce qui aurait pu être un jardin aborigène présentant les différentes herbes aromatiques de la région

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Sur le site de Cochasqui, 120 alpacas vivent en totale liberté. La légende raconte que les lamas viennent mettre bas au pied de la pyramide attribuée à la fertilité. Les femmes Quaranqui venaient également y prier dans l'espoir de tomber enceintes.

Si le site de Cochasqui attire de nombreux visiteurs chaque année c’est bien que ces vestiges fascinent. En effet, ils sont le témoin d’une civilisation complexe, organisée, au savoir-faire surprenant. Pour ceux qui se perdent à imaginer la vie au temps des Quaranqui, Cochasqui continue néanmoins de soulever des interrogations qui n’ont qu’en partie été résolues par les archéologues. Quelle était la réelle fonction du site ? Chacun pourra espérer que l’avancée de l’archéologie dissipera un jour le mystère...

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Sources : 

- « A (re)découvrir : Le site archéologique de Cochasqui ». s. d. Easyvoyage.com. Consulté le 10 novembre 2020. https://www.easyvoyage.com/equateur-et-galapagos/le-site-archeologique-de-cochasqui-959.

- “The privileged astronomical position of Ecuador known from the time of the Aboriginal culture Quitu-Cara, and how this can stimulate the young people to study astronomy”, Geovanna Vasquez, escuela politechnica nacional, Austria Symposium : “ Access to Space: Holistic Capacity- Building for the 21 st Century Graz –Austria , 6 septembre 201

- « La cangahua en Equateur, le contexte Paléogéographique de sa formation", Alain Winckell etTlaude Zebrowski ORSTOM, Mexique.

- Servenay, Alice. s. d. « Spatialisation de la cangahua en Equateur à partir de données SPOT: cas du bassin de Quito »

- La floraison et les dynamiques agraires de la région agropolitaine de Quito, thèse de Pierre Gasselin, AgroParisTech, 2000

- UNESCO Centre du patrimoine. s. d. « Qhapaq Ñan, réseau de routes andin ». Consulté le 10 novembre 2020. https://whc.unesco.org/fr/list/1459/.

- Cécile, « Pyramides de Cochasqui et retour à Quito ». voyageuz.overblog.com. Consulté le 10 novembre 2020. http://voyageuz.overblog.com/pyramides-de-cochasqui-et-retour-%C3%A0-quito

« El misterio de Cochasquí | La Revista | EL UNIVERSO ». s. d. Consulté le 10 novembre 2020. http://www.larevista.ec/viajes/viajemos/el-misterio-de-cochasqui.

- Universitad de las americas, Realización de Video Documental del Parque Arqueológico Cochasquí para su Puesta en Valor Social como patrimonio cultural del Ecuador, David Antonio Jarrín Fuentes Marco Antonio Sánchez Tirado, 2011

- « Le Qhapaq Ñan, ou la Grande Route Inca ». s. d. GEO. Consulté le 11 novembre 2020. /equateur-la-grande-route-inca-40483.

- « UNIVERSIDAD CENTRAL DEL ECUADOR FACULTAD DE FILOSOFÍA, LETRAS Y CIENCIAS DE LA EDUCACIÓN CARRERA DE CIENCIAS SOCIALES - PDF Descargar libre ». s. d. Consulté le 11 novembre 2020. https://docplayer.es/88938203-Universidad-central-del-ecuador-facultad-de-filosofia-letras-y-ciencias-de-la-educacion-carrera-de-ciencias-sociales.html.

- « Cochasqui - Historia del Ecuador ». 2016. Enciclopedia Del Ecuador. 26 février 2016. http://www.enciclopediadelecuador.com/historia-del-ecuador/cochasqui/.

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